Le travail et les miracles
15.08.24 13:00
Echo Magazine. Prêtre et psychosomaticien, l’abbé Paul Bulyalugo s’engage pour améliorer la vie des plus petits.

En République démocratique du Congo, il est habituel qu’un prêtre multiplie les activités. Mais Paul Bulyalugo sort de l’ordinaire: il est aussi psychosomaticien. Actif dans plusieurs domaines, il compte sur le travail pour améliorer la situation de son pays et, qui sait, provoquer des miracles.
La petite Merveille, 5 ans, avait été traitée dans quatre hôpitaux, mais ses plaies aux jambes ne guérissaient pas. Sa maman s’est alors adressée à Paul Bulyalugo qui s’est d’abord intéressé à leur histoire: le père de la petite l’a abandonnée; sa maman en a honte, parce qu’elle n’a ainsi «presque pas d’identité», et s’est détournée de sa fille, qu’elle ne touche pas. «Avant de soigner les plaies, j’ai travaillé sur la relation de la maman et de sa fille. Au fur et à mesure qu’elle se construisait, les plaies guérissaient», expose le thérapeute peu ordinaire: il est prêtre diocésain.
En République démocratique du Congo (RDC), il est courant qu’un curé «porte plusieurs casquettes». Mais qu’il soit médiateur familial et psychosomaticien semble unique. Ces activités sont pourtant complémentaires, assure le prêtre de 52 ans de passage en Valais cet été. Cela touche au mystère de l’incarnation du Christ. Sa formation dans les soins, effectuée à Paris, a accru sa compréhension du lien entre le corps et l’esprit. «Le corps est notre présence au monde. Chacun de nous, s’il se fait don, donne également son corps. Un très beau discours n’est rien si le corps n’est pas engagé. De la même façon que Jésus a donné son corps, nous pouvons utiliser le nôtre, transpirer et travailler pour offrir quelque chose.»
«Dieu nous a donné des outils»
Il veut bien parler de miracles, mais,définit-il, «un miracle c’est quand j’ai fourni tous les efforts sans arriver à satisfaire un besoin et que soudain il est satisfait». Il faut donc faire sa part. «Sinon c’est de la superstition», répond-il quand on lui demande s’il en attend un pour son pays miné par des tensions politiques et la violence des armes. «Il faut travailler pour la justice et la paix. Dieu nous a donné des outils pour les trouver. Si on ne les utilise pas, rien ne se passe. Rien.» Alors, dans son ministère protéiforme, Paul Bulyalugo travaille.
Texte : Echo Magazine, Jérôme Favre, rédacteur en chef
Photo : José Mittaz
